La dernière exploration des espaces vierges pour le pétrole et le gaz

Temps de lecture: 12 min , Dernière mise à jour: 13/06/2024
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L'Arctique et les régions de climat subtropical sont les derniers espaces encore vierges que l'homme explore pour sa recherche de pétrole et de gaz. Le monde est entré dans la période d'un pétrole cher qui signifie une explosion de la facture énergétique de chaque pays non producteur.

Pollution des derniers espaces vierges

Malheureusement, ces cours élevés vont permettre l'extraction de ressources appelées non conventionnelles dont l'extraction est complexe, coûteuse et polluante dans des régions encore préservées. La répartition de ces ressources modifie les cartes de la géolocalisation du pétrole offshore ultra profond au Brésil, sables bitumineux du Canada et pétrole enfermé dans la roche mère aux États-Unis. Se lancer dans l'exploration du gaz de schiste pour les pays comme la France, c'est mettre un terme au peu d'efforts réalisés en matière d'économie d'énergie et de développement des énergies renouvelables.

Les recherches de richesses sous l'océan Arctique font l'objet d'une intense activité. Localisation du Pôle Nord.

L'homme explore les derniers espaces vierges même sous l'Arctique. La prochaine bataille va se situer dans le Grand Nord pour préserver les « intérêts stratégiques, économiques, scientifiques et de défense » des pays environnants. Schéma ACQUALYS PICBLEU ®

globe-terrestre-zone-arctique

Le cratère du Gondwana.

Il y a 250 millions d'années, un météorite d'un diamètre de 500 kilomètres aurait frappé la planète creusant un cratère à 1500 mètres sous les glaces de l'Antarctique. À cette époque, le supercontinent Gondwana s'est disloqué tandis que se produisait une extinction massive d'espèces. Cette coïncidence incite l'équipe de l'université d'État de l'Ohio à penser que l'impact a été la cause de ces événements majeurs de l'histoire du globe, comme la chute d'une météorite tombée à Chixculub (dans la péninsule du Yucatan) il y a 65 millions d'années. Cet événement aurait provoqué une autre grande extinction d'espèces, dont les dinosaures. L'astroblème (cratère d'astéroïde) caché sous la glace a été révélé indirectement par les données du satellite Grâce (Gravity Recovery and Climate Experiment), particulièrement sensible aux anomalies locales du champ de gravité : l'impact du choc a en effet provoqué une remontée du matériau du manteau de la Terre, dont la densité est différente de celle des matériaux environnants.

International Océan Drilling Program

Dans cet immense territoire immaculé qui s'étend du Canada à la Sibérie en passant par le Groenland, un forage profond vient de révéler une époque où l'océan Arctique jouissait d'un climat subtropical : l'océan Arctique était chaud, ses plantes aquatiques, son eau à 23 °C et ses rivages verdoyants. Pour reconstituer cette époque passée lointaine, l'équipe internationale du programme de forage IODP (International Océan Drilling Program) a extrait une carotte de sédiments à 430 m de profondeur sous la banquise, elle-même épaisse de 1 km.

Il y a 55 millions d'années, l'Arctique a donc connu un climat subtropical alors que la tectonique des plaques avait déjà propulsé les terres émergées et l'océan à leur emplacement actuel preuve que cette douceur du climat n'était pas due à un changement de latitude de ces contrées glacées.

Banquise Arctique

Sous la banquise, des forages effectués à travers une dorsale océanique ont révélé une période où la température de l'eau de l'océan Arctique était à environ 23 °C. (Source CEREGE)

L'analyse des roches a montré qu'après cet épisode subtropical, le climat de l'Arctique s'est refroidi dès le milieu de l'éocène, soit il y a environ 40 millions d'années. Quel élément extérieur a bien pu déclencher ce refroidissement ? Nous pensons à un changement atmosphérique, une variation de la teneur en Co2, par exemple, bref un événement global. En effet, de manière quasi synchrone, le pôle Sud s'est lui aussi refroidi, avec la formation de glace en Antarctique, signe qu'un même événement a affecté l'ensemble du globe. Un enseignement du passé à méditer pour le climat du futur.

Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement. CEREGE d'Aix-en-Provence,

Article sur le Grand Nord.

Environ 90 milliards de barils de pétrole et 48 000 milliards de mètres cubes de gaz, extractibles avec « les techniques actuellement disponibles », seraient enfouies dans le Grand Nord selon les déclarations du service géologique américain, l'USGS, qui a dévoilé en juillet 2008 la première estimation publique des ressources en hydrocarbures « restant à découvrir » au nord du cercle polaire arctique (66 ° de latitude nord). La prochaine bataille va se situer dans le Grand Nord pour préserver les « intérêts stratégiques, économiques, scientifiques et de défense » des pays environnants.

L'Arctique recèlerait des réserves en gaz et en pétrole qui excitent toutes les convoitises.

D'après Donald Gautier, de l'USGS « 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel non encore découverts dans le monde se trouveraient dans la zone arctique ». Beaucoup de spécialistes estiment que l'essentiel des ressources du Grand Nord se situerait à l'intérieur de zones de souveraineté déjà établies.

Tous les pays convoitent cette région inhospitalière que constitue le Grand Nord et qui renfermerait pétrole et gaz comme l'Irak « renfermait des stocks d'armements de destruction massive ».
Le Grand Nord : des enjeux de souveraineté nationale, de stratégie militaire... mais surtout des enjeux énergétiques.
Dans un discours prononcé en mai 2007, le président russe Vladimir Poutine avait promis que des efforts seraient faits pour préserver les « intérêts stratégiques, économiques, scientifiques et de défense de la Russie » dans l'Arctique.

Le président russe Dimitri Medvedev avait déclaré le 17 septembre 2008 : « Notre principal objectif est de faire de l'Arctique une réserve de ressources pour la Russie du XXIème siècle ».

Les explorations russes.

Avant de partir pour le pôle Nord, Artour Tchilingarov, député russe de 67 ans, avait affirmé que l'expédition aiderait la Russie à avancer dans la revendication de ces régions. Artour Tchilingarov, vice-président de la Douma, a déclaré :« L'Arctique est à nous et nous devrions y montrer notre présence ». « L’Arctique a toujours été et restera russe ».

Deux bateaux russes, le navire de recherche Akademik Fedorov et le brise-glace à propulsion nucléaire Rossia qui l'escorte ont été appareillés pour une mission d'exploration aux visées scientifiques, énergétiques, mais aussi politiques. L'expédition, arrivée mercredi sur le lieu de plongée, était partie le 24 juillet de Mourmansk, une ville portuaire sur la mer de Barents.

Les deux mini sous-marins Mir (« Paix ») étaient munis d'un bras mécanique articulé permettant de prendre des échantillons du fond marin et de l'eau. Les explorateurs ont également effectué des vidéos et des prises de vues.

« Le sous-marin Mir-1 a réussi à atteindre le fond de l'océan Arctique à une profondeur de 4.261 mètres », a annoncé la chaîne de télévision russe Vesti 24 qui disposait d'un journaliste en surface, sur le bateau Akademik Fedorov.
Les explorateurs, deux députés et un scientifique russes ont mis deux heures à descendre dans les eaux de l'océan Arctique. Après une pause à 1.300 mètres pour tester la résistance du bathyscaphe (sous-marin de poche), ils se sont enfoncés jusqu'au fond de la mer, une première selon eux.

Une seconde équipe, à bord d'un autre sous-marin de poche Mir-2, a ensuite atteint le fond pour réaliser des expériences scientifiques, planter un grand drapeau russe en titane sur le fond marin et laisser une capsule contenant un message pour les générations futures.
« Toucher le fond à une telle profondeur, c'est comme faire le premier pas sur la lune », avait déclaré le vice-président de la Douma, Artour Tchilingarov, qui dirigeait l'expédition (cité par l'agence Ria Novosti). Reuter.

Artour Tchilingarov explorateur polaire, député du parlement russe est actuellement officiellement un héros national, Le parallèle avec le drapeau américain flottant sur la Lune a été fait. Ces 2 « exploits » ne constituent toutefois pas un acte de propriété, mais ce dernier acte sous-marin suscite de vives réactions de la part des pays riverains de l'Arctique. Norvégiens, Danois, Américains et Canadiens qui ont tenu — manœuvres militaires à l'appui — à rappeler à la Russie que les frontières ne se délimitaient plus aujourd'hui de manière unilatérale et sauvage.

Une phrase de Dostoïevski particulièrement d'actualité à méditer.

Les médias russes

Les médias russes jouent la « course au pôle Nord » façon conquête de l'espace en rappelant abondamment qu'une expédition américaine est en route pour une autre zone de l'Arctique, la dorsale de Gakkel.
Les scientifiques espèrent pouvoir établir qu'une partie du fond sous-marin passant par le pôle Nord, connu sous le nom de « dorsale Lomonossov », est en réalité une extension géologique de la Russie et que Moscou pourra la revendiquer dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. En 2001, Moscou avait déposé une requête en ce sens devant une commission de l'ONU.

Plusieurs autres pays nordiques tentent d'étendre leurs droits aux ressources sous-marines situées au-delà de leur zone économique exclusive, comme la Norvège et le Danemark qui mènent des études à cette fin. Le Danemark se concentre sur la côte du Groenland.

Aux USA, en Alaska, pendant la campagne présidentielle américaine Sarah Palin, gouverneure de cet État et colistière du candidat républicain, a proposé de réduire la dépendance énergétique des États-Unis en exploitant le pétrole de cette réserve naturelle nationale de l'Arctique jusqu'ici épargnée.

« C'est une sorte de course entre les pays de l'Arctique pour étendre leur plateau continental le plus au nord possible, revendiquer le plus possible de fonds marins », a expliqué à l'AFP Claes Ragner, expert à la Norway's Fridtjof Nansen Institute.

Les éléments pour la rentabilité

Les éléments utiles d'une catastrophe écologique pour rentabiliser l'investissement
Tous les pays convoitent cette région inhospitalière, suggérant que là serait le dernier refuge contre la pénurie annoncée de pétrole. Pour rendre le projet acceptable, il faut réunir plusieurs éléments :

  • Un prix élevé du baril.
  • Une croissance soutenue de la demande en pétrole.
  • Un plafonnement de la production.
  • Le réchauffement climatique
  • La fonte complète de la banquise.

Dépêchons-nous de continuer à vivre comme maintenant pour aider à piller cette dernière réserve naturelle. Reuter

Le sous-sol arctique

est-il vraiment à la hauteur des promesses placées en lui ?

L'incertitude prévaut, car les données géologiques restent parcellaires et sont jalousement gardées par les compagnies pétrolières : 4 avis différents :

Selon le rapport de l'étude de la société de consulting en énergie Wood Mackenzie.

L'Arctique pourrait ainsi fournir 4,6 millions de barils par jour, soit environ 3,9 % de la demande mondiale, en 2030. « Le pic de production en Arctique n'est pas attendu avant au moins vingt ans nombre des technologies requises sont encore dans leur enfance ». (D'après cette société, en 2003, les dix premiers groupes pétroliers avaient engagé 8 milliards de dollars de recherche pour des découvertes, dont le montant commercial s'est révélé inférieur à 4 milliards de dollars).

L'avis de Donald Gautier, de l'USGS service géologique américain :

« Nous avons réuni les meilleures connaissances sur la géologie de l'Arctique et, par comparaison avec d'autres régions pétrolières dans le monde, nous avons évalué la probabilité que telle ou telle zone renferme des hydrocarbures ».

Il s'agit donc d'une méthode très indirecte, dont le résultat dépend des paramètres utilisés. Concrètement, pour obtenir leurs chiffres, les chercheurs de l'USGS ont procédé par analogie. Ces 90 milliards de barils sont des estimations obtenues par extrapolation avec une probabilité d'existence de 50 %.

L'avis d'Yves Mathieu chef de projet à l'Institut français du pétrole (IFP)

« ]e vois le domaine d'intérêt de l'Arctique moins étendu que l'USGS, notamment parce que je considère qu'une zone de potentiel à hydrocarbures doit avoir une couverture sédimentaire d'au moins 3 kilomètres, là où l'USGS se contente de deux ». Il estime les réserves inférieures de quelques dizaines de milliards de barils.

« Contrairement à l'Arabie Saoudite ou au Venezuela, l'Arctique est un terrain ouvert pour les grandes compagnies pétrolières internationales, et si le prix du baril se stabilise aux environs de 90 dollars, le coût d'exploitation sera financièrement acceptable ».

Jean Laherrere, ancien directeur des techniques d'exploration chez Total et cofondateur de l'Association pour l'étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel (ASPO).

« Je ne dis pas que l'USGS a tort, mais pour moi, il y a seulement 5 % de chance qu'il y ait les 90 milliards de barils de pétrole estimés. En me basant exclusivement sur les données historiques d'exploration pétrolière dans la région, j'estime qu'il n'y a pas plus de 10 milliards de barils restant à découvrir en Arctique.

Selon les sources et la valeur retenue, les ressources cachées de l'Arctique représenteraient donc l'équivalent de quatre mois à trois années de consommation mondiale de pétrole, au rythme actuel de 86 millions de barils par jour*.

Le pic de production de pétrole (le fameux « peak oil ») serait déjà atteint selon les estimations de certains spécialistes, mais pour d'autres experts, le pic sera atteint d'ici à 2017 - 2025. Pour les optimistes, les réserves mondiales prouvées s'élèveraient à environ 1100 milliards de barils de pétrole, soit à peu près autant que ce qui a déjà été consommé.

* Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale avoisinera 118 millions de barils par jour en 2030.

Selon le US Geological Survey, l'agence gouvernementale scientifique spécialisée dans les hydrocarbures, 25% des ressources mondiales de pétrole se trouvent au nord du cercle polaire.




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