L'essor dévorant de la consommation énergétique et ses conséquences

Temps de lecture: 9 min , Dernière mise à jour: 27/06/2025

Sommaire


Depuis la révolution industrielle, la consommation d'énergie n'a cessé d'augmenter à un rythme exponentiel. Elle a d'abord doublé entre 1950 et 1973, puis a encore doublé depuis. Cette course effrénée à l'énergie a propulsé l'humanité dans une nouvelle ère géologique : l'Anthropocène. Dans ce contexte, il est indispensable de comprendre l'origine de cette dépendance énergétique, ses sources, et les conséquences majeures sur l'environnement et la biodiversité.

Une dépendance massive aux énergies fossiles

Aujourd'hui, environ 80 à 84 % de l'énergie consommée dans le monde provient des énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz naturel. Ces ressources, formées sur des millions d'années, sont consommées à une vitesse fulgurante. Selon Global Chance, leur épuisement est prévisible d'ici un siècle si le rythme actuel se maintient.

Cette dépendance est d'autant plus problématique qu'elle alimente un système de production et de consommation fondé sur la croissance permanente, incompatible avec les limites physiques de la planète.

Des conséquences environnementales multiples

L'utilisation massive des énergies fossiles entraîne un dégagement colossal de gaz à effet de serre (GES), principalement du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4), contribuant directement au changement climatique. Les activités industrielles et le transport sont parmi les plus gros émetteurs.

Le transport maritime représente entre 80% et 90% du commerce mondial en volume. Cela signifie que la grande majorité des biens, qu'il s'agisse de matières premières, de denrées alimentaires ou de produits manufacturés, sont transportés par voie maritime. Ce mode de transport est privilégié pour sa capacité à transporter de gros volumes de marchandises à un coût relativement faible, ce qui en fait un élément essentiel de la chaîne d'approvisionnement mondiale. Mais c'est un mode de transport très destructeur.

80 à 90 % du commerce est maritime

Une très grandie partie passe par les mers et océans. Il est raisonnable d’estimer qu’entre 30 % et 50 % du volume maritime concerne des produits considérés comme non essentiels, superflus ou gaspilleurs dans une optique environnementale et sociale.
Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas consommés, mais qu'ils pourraient être réduits drastiquement dans une économie sobre et fonctionnelle.

Transport-maritime-mondial-80-90-%-part-produits-inutiles

Le transport maritime

C'est un énorme pollueur aux effets parfois visibles, mais souvent invisibles. Les émissions des pots d'échappement des voitures et camions sont réglementés à moins de 15ppm de particules de soufre. 60.000 navires marchands (porte-containers, cargos, pétroliers, etc.) sillonnent les mers. Un seul grand navire émet autant de saletés que 50 millions de voitures soit 3 500 ppm en toute impunité (ppm = particules par million du gaz rejeté). La plus grande supercherie est le

Les 20 plus grands bateaux polluent plus que l’ensemble du parc automobile mondial. Certains yachts de luxe stupide appartenant à des milliardaires font le plein de leur réservoir avec 1 million de litres.

a) Les marées invisibles scrubbers

En 2020, la convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires élaborée par l’Organisation maritime internationale (OMI) a abaissé de 3,5 % à 0,5 % la teneur maximale autorisée des émissions en oxyde de soufre sorties des cheminées. Ces normes ont été introduites en 2020 afin de réduire les émissions de gaz toxiques des navires. Depuis 2022, l’utilisation des scrubbers à boucle ouverte (laveurs de fumée de combustion) est interdite en France au sein de la bande littorale à moins de 5,5 kilomètres des côtes (trois milles). Sur les plus gros bâtiments, ces laveurs de fumée peuvent pulvériser 100 tonnes d’eau toxique par minute soit de 6 000 tonnes par heure. Les eaux de rejet de ces épurateurs sont injectée dans les mers et océans à des températures comprises entre 35 et 60 °C brûlant les organismes marins, alors que la température de l’eau de mer varie environ entre 5 et 28 °C, ce qui acidifie les eaux entraîne une forte eutrophisation dû a un enrichissement excessif par des nutriments (zinc, le vanadium et fer), et libèrent des métaux lourds polluants.

Etude menée en 2023 par le consortium européen Emerge, réunissant dix-huit institutions de recherche.

b) Les marées blanches (dégazage sauvage)

150 000 tonnes de pétrole rejetés en mer chaque année en toute quiétude.

c) Les marées noires

Plus spectaculaires et aussi polluantes.
Avant le 16 janvier 2008, la tragédie de l'Erika un bateau pétrolier affrété par la société Française Total (actuellement TotalEnergies à capitaux à 40% américains) qui s'était brisé en mer libérant sa cargaison de pétrole, aucun tribunal français n'avait reconnu le préjudice écologique (destruction d'oiseaux, de poissons, de mammifères), etc. Notons que ce n'est pas la destruction des huîtres, en tant que telles qui étaient indemnisées mais le préjudice financier des ostréiculteurs.

Total condamné en 2008 en tant qu'« affréteur véritable »

La société Française Total avait été condamnée le 16 janvier 2008 et le préjudice écologique reconnu par les tribunaux français. Après différents recours de la société Total, la cour de cassation avait confirmé le 25 septembre 2012 toutes les condamnations à l'encontre de la société pétrolière et avait rajouté la responsabilité civile dont Total en tant qu'« affréteur véritable » avait été exonéré par la cour d'appel de Paris en raison d'une convention internationale.

Schéma du trajet de l'Erika, le bateau pétrolier poubelle affrété par la société française Total.

Le transport aérien

Un énorme pourvoyeur de gaz à effet de serre :

Un aller-retour Lyon-Rio de Janeiro en avion pour deux personnes produit l'équivalent de 9 662 kg de C02.
Environ 900 avions traversent l'Atlantique tous les jours et consomment en moyenne 2600 litres par heure de kérosène et par réacteur.

Les compagnies aériennes se vantent de transporter des milliards de passagers. Le transport aérien est un fléau d'autant plus que le tourisme fortement développé par l'industrie capitaliste a modifié l'ensemble de la planète.

points-négatifs-aviation


17 avions décollent chaque seconde dans le monde pour faire quoi ?

Partir de Londres pour aller jouer au golf au Maroc, faire un safari-photo au Kenya en rentrant dans un Lodge pour prendre une bonne douche pendant que les autochtones manquent cruellement d'eau, partir de Bruxelles pour passer le weekend à Ibiza dans la plus grande discothèque du monde.

Qu’il soit « éthique » ou de masse, le tourisme épuise notre planète et je vous invite à lire le manuel de l'anti tourisme écrit par Rodolphe Christin, sociologue qui dresse le portrait d'un tourisme de masse absurde.

Sur un avion de ligne bourré de kérosène, chaque réacteur (4 sur un avion de ce type) consomme 2600 litres de kérosène par heure. Schéma Picbleu ®

avion-rempli-de-kérosène

Le transport terrestre

Des camions transportent des crevettes élevées au Danemark pour les faire décortiquer au Maroc où la main-d'œuvre est peu chère, les exemples ne manquent pas : j'ai pris ceux-là sur le site Acqualys mais il y en a d'autres. Nous manquons singulièrement de bon sens, si nos ancêtres revenaient ils nous qualifieraient de fous dangereux et ils auraient malheureusement raison. Il est encore temps de changer nos habitudes de consommateurs.

La destruction des océans

Parallèlement, la combustion de ces ressources engendre une pollution atmosphérique à l'origine de millions de morts prématurées chaque année.
L'acidification des sols et la dégradation des mers et des océans en péril en est une autre conséquence, avec des répercussions en chaîne sur les cycles biogéochimiques.

Les risques nucléaires

Ils ne doivent pas être ignorés non plus. Bien que l'énergie nucléaire émette peu de GES (si l'on ne tient pas compte de tout le cycle amont et aval), elle présente des dangers importants : gestion des déchets radioactifs, risques d'accidents majeurs, et impacts à très long terme sur les milieux.

Un impact dramatique sur la biodiversité

L'expansion des infrastructures énergétiques (mines, barrages, forages, réseaux de transport) détruit les habitats naturels. Cette artificialisation des sols entraîne la fragmentation des écosystèmes et met en péril des milliers d'espèces.

Selon les sources scientifiques (SHS Cairn), l'énergie est l'un des principaux moteurs directs de l'effondrement de la biodiversité. La pollution des milieux (air, eau, sol), le bruit, la chaleur ou encore les rejets toxiques perturbent gravement la faune et la flore.

Le constat est sans appel : notre modèle énergétique actuel est insoutenable.

L’exponentielle consommation d’énergie a des conséquences multiples, durables et souvent irréversibles sur l’environnement, le climat et la biodiversité. Comprendre cette réalité est un préalable indispensable pour engager une véritable transition énergétique fondée sur la sobriété, l’efficacité et le respect des limites planétaires.

Conclusion : l'homme un prédateur aux effets visibles

41 415 espèces animales et végétales en voie de disparition en 2007.

Le 12 septembre 2007, l'UlNC (Union internationale pour la conservation de la nature) avait publié son rapport alarmant : 41415 espèces animales et végétales (sur environ 1,75 million d'espèces connues) recensées par l'organisme sont en voie de disparition, souvent aggravée.

Lire Le monde diplomatique :la plupart des espèce végétales et animales sont en voie de disparition

Tout un chacun peut observer les aléas climatiques de plus en plus fréquents et violents. Chaque automobiliste qui fait tous les jours à la même heure avec le même véhicule à moteur à explosion, au même endroit son trajet dans un bouchon peut constater que la combustion du diesel pue. Mais, ce qui est moins visible, c'est qu'il empoisonne l'eau, l'air et le sol.

Bref, le constat ressemble à la venue d'une apocalypse même si le calendrier Maya qui se terminait le 21 décembre 2012 avait été mal interprété. Dans ses vœux à la presse en 2008, l'ancien Premier ministre français avait souhaité aux journalistes « tout ce que la vie peut vous apporter de chaleur ». Compte tenu du réchauffement climatique (pardon changement climatique), ce sera probablement le vœu de l'État de l'époque qui sera le plus sûrement exaucé, rapidement, et ce, dans la durée.



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