Quand l’IA appauvrit la pensée : menace sur la créativité, la liberté et l’esprit critique

Sommaire

IA : promesse d'aide ou piège invisible ?

L’intelligence artificielle, que l'on pourrait voir comme un levier d’émancipation et d’accès à la connaissance, s’impose lentement, mais sûrement comme un filtre invisible entre les individus et la réalité tangible avec les lois de la nature que notre société consumériste nie.
Cette IA fabrique instantanément — à grand renfort d’eau et d’énergie — des réponses qualifiées d’« optimales », consensuelles ou modérées.
Mais à quel prix ?

Uniformisation cognitive : quand la pensée devient statistique

Quand l’IA devient une norme implicite, elle standardise la pensée, modèle les discours, neutralise la divergence, lisse les controverses, homogénéise les imaginaires.

• Elle devient alors une interférence cognitive majeure.
• Ce n’est pas seulement une question de style : c’est aussi un pillage insidieux de la propriété intellectuelle.
  
• Lire et analyser nos courriels ou nos écrits personnels sans notre consentement est une violation flagrante de nos données.

L’usage de l’IA devrait rester une option, jamais une obligation.

Les shadoks vous connaissez ?

Pour ceux qui ont connu ces vidéos avant-gardistes de 1968 que les populations ne comprenaient pas, car le message sur l'écologie était pour l'époque loin des préoccupations des français pour qui la fin du mois était plus importante que la fin du monde.

Les problèmes actuels sont liés au refus du changement pourtant nécessaire, confiance aveugle dans la technologie, fuite en avant économique… Il est temps d’écouter nos « Professeurs Shadoko » avant que la planète qui se réchauffe se débarrasse comme un corps fiévreux des parasites qui la font souffrir.

Les Shadoks actuels ont trouvé l’Intelligence Artificielle. Ils l’ont mise dans une machine qui pompe à leur place, pense à leur place, écrit à leur place, et finit même leurs phrases, Résultat :

• Plus personne ne fait d’erreur (puisque plus personne n’essaye).
• Plus personne ne doute (puisqu’il suffit de demander à la machine). Et surtout… plus personne ne pense.
• Mais comme dit le professeur Shadoko : « À force de pomper sur l’IA, on finit par crever la cervelle. »
• Et les Shadoks, contents, de conclure : « Mieux vaut une mauvaise réponse IA qu’une bonne question humaine, ça évite de réfléchir. »
• Ou comme le Gibi : « Pourquoi faire simple quand l’IA peut compliquer pour nous ? ».
  

Atrophie mentale par délégation : GPS, Word, IA

… le cerveau mis en veille

J’ai réalisé qu’en déléguant mes décisions à une machine (par exemple, à un GPS), j’atrophiais sans le savoir la zone de mon cerveau liée à la prise de décisions. je me suis rendu compte qu'il était difficile voire impossible de me représenter mentalement les parcours effectués, ni de les relier à une durée ou un espace.

C’est si pratique d’avoir en temps réel sa vitesse, l’heure d’arrivée, ou l’avertissement des "zones de danger"...
Mais ce confort est-il vraiment sans coût cognitif ?

Intrusion numérique dans le quotidien

Récit du témoignage d'un glissement silencieux de mon ordinateur de mises à jour à mises à jour.

• Mon logiciel Word sur lequel je rédige des articles depuis des années a changé sans que j’en sois averti (rajout de Copilot).
• Mes fichiers PDF proposent l'aide de l'IA. Je ne vois pas mon intérêt.
  
• Un message paru sur Outlook 2019 m’a récemment signalé que les mises à jour s’arrêteront en octobre 2025.
• Windows injecte, lors des mises à jour, de nouveaux programmes sans que j’aie vraiment donné mon accord.
• Peu à peu, l’IA interfère dans mon quotidien dès le démarrage de mon ordinateur. Elle observe, analyse, archive.
  Elle étudie tout ce que je fais et tout ce que j’écris.

Autre exemple d'intrusion probablement par mon téléphone portable

Phénomène troublant (ou inquiétant), mais non vérifié…
La semaine dernière, un couple m’a raconté comment un commercial les avait abusés pour signer un bon de commande (pompe à chaleur et photovoltaïque) pour une somme folle — l’équivalent de 35 ans de consommation !
Pendant notre échange, je leur ai parlé de l’histoire fictive de 2 victimes Monsieur et Madame Pigeon (personnages d’un de mes articles).
Le lendemain, j’ai reçu un appel d’un “Monsieur Pigeon”, qui avait été appelé depuis mon propre numéro, sans qu'un message vocal ait été laissé. Il était étonné comme moi de cet appel...
Coïncidence ou écoute passive de mon téléphone ?
Cela m’était déjà arrivé avec les mots “trottinette” ou “cornemuse”, que je n’utilise jamais, et pour lesquels j’ai reçu… des publicités. Conclusion : faites très attention a votre smartphone doté d'une oreille et d'un oeil.

Le danger pour la création : lissage, fadeur, perte de style

Quand on rédige un texte, chaque mot compte, chaque ponctuation est pesée, chaque répétition est pensée.
C’est le glucose de notre cerveau qui produit du style, pas des suggestions automatisées.

• Les algorithmes de l’IA sont conçus pour minimiser le risque. Leur but premier : produire des contenus acceptables, consensuels et "utiles" pour le plus grand nombre.
• Les grands modèles comme ChatGPT, Claude ou Gemini ne favorisent pas la complexité.
• Ils sont formés sur d’immenses corpus issus du Web.

Et cela entraîne des conséquences :

Toute idée trop radicale, dérangeante, inhabituelle est filtrée, reformulée, édulcorée.

• Les débats sont transformés en synthèses équilibrées, souvent insipides.
• L’IA ne produit pas de singularité, mais de la moyenne statistique.

Prenons un exemple : vous cherchez "prix du gaz" sur l'IA : le résultat est édifiant, car les éléments de réponse ont été piochés sur un courtier en énergie qui a été qualifié de parasitisme par le Médiateur National de l'Énergie. Quel est le but de ce courtier comme d'autres ? Récupérer vos coordonnées pour les revendre en donnant des informations insipides avec un formulaire ou téléphone bien mis en évidence.

Autre exemple : en cherchant travaux de rénovation, les solutions les plus attrayantes proposées sont le changement d'énergie pour une énergie renouvelable (parfait oxymore, car l'énergie se dissipe) grâce aux primes qui l'accompagnent alors qu'il faudrait porter l'accent sur l'efficience globale du bâti avec l'isolation parfaite rendant le bâtiment peu consommateur en se rapprochant des normes RE 2020.

On peut le regretter : cette orientation n’est pas neutre, elle est structurellement conservatrice.

Résister : lire, écrire, douter, désobéir à l'automatisation

Même les créateurs — écrivains, journalistes, enseignants — cèdent à la tentation de l’IA pour “gagner du temps”.
Sur LinkedIn, nombreux sont ceux qui publient avec des images générées, hideuses, sans âme, accompagnées toujours des mêmes émojis (extension des émoticônes) stéréotypés.

• Résistons. Recherchons la friction intellectuelle, le doute, la dissonance, la pensée qui dérange.
• Réhabilitons l’erreur, l’excès, l’expérimentation.
• Réécrivons à la main. Reprenons le stylo, le clavier — sans assistant.
• Lisons des livres et journaux papier, hors des circuits algorithmiques. (Si vous voulez des titres écrivez nous !).
• Discutons avec des humains faits de chair, d’émotion, d’irrégularités — non calibrés par des “règles de sécurité”.

Conclusion : penser sans filet

L’intelligence humaine est faite de chaos, d’incohérences, de remises en question. C’est cette richesse là qu’il faut préserver.

L’IA ne vous impose pas une dictature brutale, non au contraire, elle vous propose un confort, une assistance, une sécurité.
Mais ce confort, à long terme, appauvrit la pensée, étouffe la nuance, tue l’audace.

La vraie question n’est donc pas : “Que fait l’IA ?”
Mais bien : “Que cessons-nous de faire nous-mêmes — par paresse ?”