Bois énergie à consommer avec modération pour garder nos forêts

Temps de lecture: 5 min , Dernière mise à jour: 03/10/2023
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Le bois énergie (bois bûche, plaquettes forestières, granulés de bois, biomasse, etc.) est la première source d’énergie renouvelable utilisée en France. Sur un strict calcul fournit par l'ADEME, le bilan pour les gaz à effet de serre serait favorable au bois parce qu'il fixe le carbone et émettrait peu de gaz carbonique. En réalité le bilan est loin d'être neutre, bien moins génial, car si un arbre poussait à la vitesse à laquelle on le brûle ce serait correct, mais le calcul fait abstraction de données essentielles.

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La forêt exploitée

La forêt française couvre environ 16,3 millions d'hectares. Cette surface place la France au 3e rang européen pour sa surface ou au 4e rang européen pour son volume de bois estimé. Chaque année, les forêts Françaises offrent 85 millions de mètres cubes de bois, dont « la moitié  serait exploitée ».

L'ONF (Office National des Forêts) 

l'ONF assure la gestion de 11 millions d'hectares de forêts publiques appartenant à l'État ou aux collectivités publiques, soit 40 % du bois commercialisé en France.  

L’Office National des Forêts (ONF) est un établissement qui gère les forêts publiques depuis 1964 en pleine crise (1). Depuis 20 ans les postes de fonctionnaires sont remplacés par des contractuels de droit privé. L’ONF a perdu son rôle de protecteur de la forêt, car déficitaire après avoir vendu du foncier, il doit produire de plus en plus de bois contraire au rythme de la forêt qui est lent et incompatible avec les exigences des humains surtout lorsque des profits sont en jeu. La forêt doit se gérer sur le très long terme (2).

Les émissions de CO2 du bois 

Le bois étant composé de 50 % de carbone, la combustion d’1 kilogramme de bois sec de 2 ans avec un taux d'humidité de 15 % libère en moyenne 3,5 kWh (une partie de l’énergie totale est utilisée pour évaporer l'eau contenue dans le bois). Le calcul donne 142 grammes de carbone libéré pour 1 kWh émis (500 grammes/3,5 kWh), soit 521 grammes de co2/kWh. (3)

POUR ALLER PLUS LOIN
Bilan des différentes énergies

Rapport sénatorial sur le bois 

D'après le travail des sénateurs Alain Houpert (Côte-d'Or) et Yannick Botrel (Côtes-d'Armor), Co rapporteurs d'un rapport sévère sur la filière bois basé sur une enquête réalisée à la fin de 2013 par la Cour des comptes « La politique forestière française est sans stratégie, sans pilote, sans résultats ».

  • Ce rapport sénatorial dénonce l'absence de stratégie coordonnée entre les différents acteurs de la filière bois.
  • Les pouvoirs publics soutiennent pourtant massivement la filière bois en attribuant annuellement un milliard d'euros.
  • Malgré cette perfusion financière, la filière forêt-bois présente un déficit commercial six fois plus élevé.

La raison est liée à un déséquilibre entre l'exportation de bois brut et l'importation de produits transformés qui déplace toute la valeur ajoutée à l'étranger. Résultat : l'ensemble de la filière française présente un déficit commercial, car la valeur ajoutée est aspirée par d'autres pays.

Leur travail, basé sur une enquête réalisée fin 2013 par la Cour des Comptes (4), dresse un constat amer : la France, dont seulement 30% de la surface est composée de forêts possède un modèle de développement économique correspondant à celui d'un pays du Tiers-monde dont les ressources naturelles brutes (grumes) sont exportées pour être transformées à l'étranger en pate à papier, meubles, matériaux de construction ou granulé de bois et réimportées à un coût beaucoup plus élevé. 

Les énergies émettrices de CO2

Toutes les énergies émettent du CO2 à chaque phase de leur cycle de vie. Les énergies fossiles produisent l'essentiel de leur contenu en CO2 et autres gaz à effet de serre lors de leur utilisation et très peu lors des phases amont.

  • Pour le bois, la taille des arbres, le transport en vrac puis le transport au détail entrainent une consommation d'énergie essentiellement fossile.
  • La combustion du bois émettrait 33 g CO2/kWh pour une chaudière à bûches ou plaquettes et 41 g à 42 g CO2/kWh pour un poêle à bûches ou à granulés.
  • Lorsque l'on tient compte de tous les paramètres, la combustion du bois est proche de celle du charbon (380 grammes de CO2) en termes d'émission de CO2/kWh, car le bois est composé à 50% de carbone. Il faut tenir compte de l'énergie employée pour l'abattage, sciage, débardage, stockage, transport puis de l'énergie utile qu'il faut déployer pour le séchage, car le bois contient de l'eau.

En comparaison, les énergies fossiles sont émettrices de gaz carbonique, avec 205 à 234 g* CO2/kWh pour le gaz naturel, 266 à 274 g* CO2/kWh pour le gaz propane, 250 à 300 g* CO2/kWh pour le fioul domestique. Il faut noter que pour le gaz naturel, ces émissions peuvent varier en fonction du taux d’incorporation de gaz renouvelable (issu de la biomasse ou de la méthanisation de déchets organiques) dans le réseau.

*Les valeurs varient suivant les sources, le deuxième chiffre est celui fourni par l'ADEME.

Sources

(1) Situation préoccupante de l'Office national des forêts

https://www.capital.fr/economie-politique/pourquoi-loffice-national-des-forets-est-au-bord-de-la-faillite-1324279 
https://www.senat.fr/questions/base/2019/qSEQ190209172.html 

(2) Industrialisation croissante des forêts publiques

https://www.canopee-asso.org/pourquoi-parle-t-on-de-privatisation-de-loffice-national-des-forets/ 

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Bois
(4) https://www.vie-publique.fr/rapport/31187-enquete-cour-des-comptes-sur-loffice-national-des-forets-onf 



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