La voiture électrique est-elle écologique pour sauver la planète ?

Temps de lecture: 11 min , Dernière mise à jour: 03/10/2023

La voiture électrique est-elle « écologique » pour « sauver la planète ». Il faut remonter loin dans le passé pour trouver l'origine du développement important des voitures sur la planète. Aujourd'hui, 1.5 milliard de véhicules dotés de tuyaux d'échappement libèrent des gaz toxiques mortels et du CO2. Depuis février 2023 l'UE a autorisé la fabrication de véhicules thermiques utilisant du carburant synthétique.


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La voiture


Cet article sur un sujet brûlant n'est ni « anti-voitures électriques » qui indirectement irait dans l'intérêt du lobbying pétrolier ni « pro voitures électriques » visant les intérêts du lobbying nucléaire ou défendrait le statu quo sur le plan climatique. Mais pose le problème du développement exponentiel des produits proposés aux habitants de notre planète. On réduit le changement climatique au CO2 en oubliant que la base de toute vie est liée à la biodiversité.

L'agriculture industrielle, l'industrie, la production d'énergie nucléaire, les réseaux de transports, la surconsommation des ressources dont l'eau fait partie et notre mode de vie sont à revoir. 

Le vrai problème, c'est la population mondiale en progression constante qui achète un véhicule dans tous les pays où le pouvoir d'achat leur permet. C'est le nombre de moteurs y compris d'avions et de bateaux qui est le problème et il est difficile de trouver une solution étant donné que depuis des décennies tout est axé sur le transport des personnes et des biens. Que penser de la compagnie indienne Indigo qui achète 500 Airbus ?

Plus de tuyau d'échappement 

Les voitures électriques n'ont pas de tuyau d'échappement des gaz brûlés (toxiques), donc en théorie elles n'émettent que des particules fines dues à l'abrasion des garnitures de freins et des pneus sur l'asphalte, un produit issu de la distillation du pétrole pendant qu'elles circulent. Elles doivent toutefois être rechargées avec une borne reliée au réseau électrique alimenté par des centrales nucléaires ou thermiques ou hydrauliques ou à énergie « verte ».

L'électricité était fournie par les centrales atomiques EDF, mais depuis octobre 2022, suite aux pannes ou maintenance des réacteurs nucléaires, l'Allemagne fournit de l'électricité issue de ses 24 centrales thermiques à charbon. La France valide le projet de remise en service de ses 2 centrales thermiques : celle de Cordemais en Loire-Atlantique au charbon convertie en biomasse ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour nos forêts en danger (1)  et celle de la centrale thermique à charbon Emile Huchet de Saint Avold en Moselle qui consomme 5000 à 6000 tonnes de charbon par jour (2).

L'origine de l'électricité en 2021 et 2020. Les chiffres de 2022, lorsqu'ils seront publiés donneront une plus grande part au bois et au charbon.

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Pourquoi parler de voitures ?

Il peut paraître étonnant de voir des articles sur la voiture électrique sur ce site sur l'habitat durable. Mais l'électricité qui n'est qu'un moyen de faire fonctionner des appareils électriques devrait être utilisée avec modération. Les nouveaux usages vont demander encore plus de production. Il est évident qu'en ville, lorsque l'on croise un engin motorisé doté d'une batterie, personne n'est incommodé par les fumées nauséabondes et toxiques. Mais cela en fait-il pour autant une solution pour « sauver la planète » ou plutôt ses habitants ?
La solution est de rester raisonnable, quelle que soit l'énergie utilisée en limitant ses déplacements notamment ceux qui sont les plus inutiles.

La voiture électrique : le véritable fil à la patte.

auto tamponneuse électrique

L'industrie française sous perfusion

Comme partout, il s'est tellement vendu de voitures que l'industrie automobile était proche de la faillite. Du fait d'un nombre irraisonnable de productions, le marché est saturé. L'État français injecte depuis des années des sommes importantes pour soutenir le secteur : 8 milliards d'euros pour le plan de relance de 2000. Pourtant depuis 20 ans, le secteur n'est plus créateur d'emplois et même destructeur : les usines ferment comme à Amiens (Goodyear), Aulnay-sous-bois (PSA), Bordeaux (Ford), Vénissieux (Bosch), etc.

Le suremploi

Il suffit d'observer : les voitures sont partout autour de nous, le plus souvent à l'arrêt, elles encombrent les rues ou les routes pare chocs contre pare chocs.

Les chiffres sur les bouchons

L'actualité ne dissuade pas les populations de se déplacer, les chiffres de Bison futé confirment la pollution automobile.

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 Nombre de voitures

Comme les criquets inoffensifs lorsqu'ils sont seuls, mais véritable fléau lors d'invasions (3), c'est le nombre qui créé le problème.

  • 1976 : 342 millions de voitures
  • 1996 : 670 millions de voitures
  • 2022 : 1.5 milliard.

Le problème n'est pas de savoir avec quoi vont rouler les véhicules, mais leur nombre en progression exponentielle depuis des décennies. Des véhicules de plus en plus lourds, puissants et de plus en plus équipés. Schéma Picbleu.

Le suréquipement

Les constructeurs ont tout cherché pour vendre en équipant les voitures de radars, ordinateurs, GPS, caméras, etc. Or le marché est saturé et une voiture ne se remplace pas comme un smartphone. De plus avec la perte de pouvoir d'achat, beaucoup de personnes ne veulent plus s'endetter pour une voiture neuve.

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Le recours à la PUB


On le sait le transport (aérien, terrestre, maritime) engendre plus de 50% des gaz à effet de serre. Les émissions de CO2 des armées ne sont pas prises en compte !

Les climatosceptiques qui ont bien travaillé les esprits ont réussi à reculer l'échéance de la fin des combustibles fossiles. L'industrie pétrolière a utilisé les pots catalytiques pour repousser l'échéance de la fin du gazole. Maintenant c'est le biofioul qui est un mélange de 30% d'EMAG de colza additionné à 70 % de fioul traditionnel et polluant qui permet de patienter tout en vendant du produit pétrolier jusqu'en 2040 avec un petit problème : la culture du colza dont les productions sont limitées. Une idée d'utilisation d'agrocarburant que le ministère de l'Environnement jugeait mauvaise.

Les têtes pensantes ont maintenant imaginé la voiture électrique. La publicité fait acheter des produits à des personnes qui n'en ont pas besoin et qui n'ont pas les moyens de l'acheter. Heureusement la location est mise en avant permettant à la multitude de ménages moyens qui ne sont pas « riches » de s'endetter un peu plus…

La voiture électrique fantasmée

Le parlement européen a voté le 5 juin une loi interdisant la vente des voitures thermiques dès 2035. 
Les petits constructeurs qui fabriquent peu de voitures Aston Martin, Bentley, Ferrari, Lamborghini, Rolls-Royce en seraient exemptés (4).

Ce qu'en disait Ivan Illich 

Ivan Illich penseur et philosophe critiquait l'institution des transports. Sa théorie ne remettait pas en cause l'axiome selon lequel : « il faudrait aller le plus vite possible afin d'être le plus efficace », mais mettait en doute la validité de cette idée. Sa technique consistait à critiquer son adversaire en partant de ses axiomes afin de lui démontrer à la façon d'Arthur Schopenhauer que ses axiomes étaient contestables. 

Ivan Illich démontrait que la voiture va en réalité plus lentement que la bicyclette lorsque l'on intègre dans le calcul de la vitesse le temps que l'on passe à gagner l'argent nécessaire à son financement !

Logique

Limiter la fabrication des voitures, leur poids et leur puissance permet de réduire :

  • les émissions de gaz à effet de serre
  • la consommation de matières premières. (Les batteries des véhicules électriques demandent des ressources critiques)
  • la consommation d'énergie
  • le nombre d'accidents. (Pourquoi faire des bolides qui passent de 0 à 100 en 3 secondes et qui atteignent rapidement 200 km/h)
  • l'impact sonore
  • la pollution de l'air (même les véhicules électriques émettent des particules liées à l'usure des pneus et l'abrasion des plaquettes de frein)
  • l'espace occupé de plus en plus grand en ville
  • les embouteillages
  • le coût d'achat et le prix des pièces de rechange
  • l'achat de véhicules fabriqués à l'étranger
  • les frais de fonctionnement du véhicule

Les bolides coûteux (surtout en ressources), puissants, consommateurs et inadaptés au réseau routier ainsi que les sports mécaniques devraient être les cibles des premières mesures à prendre pour éliminer une source de polluants.

Vitesse, argent, pollution sont à l'opposé d'un monde apaisé.

Comparaison électrique et thermique

Véhicule électrique
Véhicule thermique
Réduction de la pollution (reste toutefois émissions de particules de freins et pneus)
Pollution de l'air de l'eau et du sol
Moindre volume sonore (frottement de l'air et des pneus surtout à + de 50km/h)
Le moteur est bruyant
Pas de carburant fossile
Pollution en amont (fabrication et transport du pétrole) et usage
1 batterie de Tesla demande 80 kg de lithium
La voiture thermique utilise peu de métaux critiques
Les possesseurs de voitures électriques roulent beaucoup plus
Le prix du carburant limite l'usage des petits revenus
Le prix de vente d'un véhicule électrique est élevé
Le coût d'achat est un frein aux petits revenus
La voiture électrique encombre l'espace
L'artificialisation des sols est le même problème
La voiture électrique est puissante et lourde
La voiture thermique est aussi un marqueur social
Les moteurs atteignent rapidement plus de 200 km/h
Même incohérence avec des vitesses limitées à 80 et 130 km/h

Autorisation des voitures thermiques après 2035

Sous la pression de certains pays dont l'Allemagne, à condition d'employer un carburant synthétique, les constructeurs pourront fabriquer des véhicules à moteur thermique après 2035 !

Ce qu'il faudrait faire…

Pout limiter les nuisances de l'automobile

  • La masse du véhicule influe directement sur la consommation et les émissions. Il faut donc diminuer par 3 ou 4 le poids.
  • Fin du modèle consumériste (fin de la location aux particuliers, limitation du nombre de véhicules neufs en favorisant la réparation des occasions)
  • La mise en place d'un seuil de niveau de consommation à ne pas dépasser.
  • Selon une étude de l'assureur Axa en 2020, « plus un véhicule est lourd et gros, plus la fréquence de collision est élevée et provoque ainsi de l'insécurité ».
  • La mise en place d'une économie circulaire (développement d'unités industrielles dédiées au retrofit. (Opération consistant à remplacer des composants anciens ou obsolètes par des composants plus récents, généralement en changeant la technologie, en recyclant).
  • Lutter contre l'obsolescence en obligeant les constructeurs à fabriquer des voitures dont la durée de vie serait allongée de 240 000 kilomètres à 500 000 kilomètres pour limiter la consommation des ressources.
  • Le développement des infrastructures de transport en commun afin de pousser les utilisateurs à employer leur véhicule que quand cela est nécessaire.
  • Développer le télétravail pour éviter les déplacements quotidiens
  • Mettre fin au système actuel d'économie mondialisée pour éviter un déplacement de biens de personnes et de matières qui est déraisonnable. La raison des émissions de CO2 et surtout de la destruction de notre nature.

Eligibilité au bonus écologique

Il existe un projet de décret relatif au conditionnement de l’éligibilité au bonus écologique pour les voitures particulières neuves électriques et projet d’arrêté relatif à la méthodologie de calcul du score environnemental.

POUR ALLER PLUS LOIN
Projet de conditionnement du bonus voitures électriques

Le retour au départ

Cette voiture vous la connaissez, c'est la 2CV Citroën qui demandait peu de ressources. Peu de métal, pas d'électronique, pas de batterie puissante mobilisant des terres rares.  Rustiques, légères, rudimentaires sans composants électroniques, elles étaient à l'opposé des véhicules que les gens choisissent : les SUV lourds et polluants ou pire des 4x4 ultra puissants bridés à 250 km/h utilisés en ville dont la vitesse est limitée à 30 km/h et sur autoroutes limitées à 130 km/h.

Pour obtenir 1 kg de lithium, l'un des composants des batteries, il faut traiter 190 tonnes de minerai à grand renfort d'eau en raréfaction.

Ce que devrait être une voiture pour ceux dont l'usage est indispensable : légère et peu consommatrice de ressources…en attendant de trouver une autre solution : prendre conscience de notre environnement et se limiter.

POUR ALLER PLUS LOIN
La voiture objet de consommation invasif

Sources
(1) France Info 1200 mégawatts produits à Cordemais en Loire Atlantique en brûlant du bois !
(2) France info La centrale au charbon de Saint Avold en Moselle
(3) Saint Gor Landes Récit d'une invasion de criquets en 1947
(4) L'argus Certains constructeurs exemptés de produire des moteurs thermiques après 2035



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