Distillation au gaz propane : guide complet pour professionnels

Sommaire

1. Principe général

La distillation consiste à chauffer un mélange liquide pour en séparer les composants selon leur température d’ébullition. Le gaz propane sert ici de source d’énergie thermique, généralement via un brûleur alimentant soit :

• une chaudière,
• un bain-marie,
• un générateur de vapeur.

Le propane est stocké dans une citerne (aérienne ou enterrée) et fournit une chaleur stable et puissante, ce qui est essentiel pour maintenir une température de distillation précise.

Schéma simplifié d'une installation de distillation fonctionnant au gaz propane. Dessin Picbleu

2. Domaines d’application professionnels

Les applications du gaz dans le domaine professionnel sont très nombreux et variés

a. Agroalimentaire

• Distillation d’arômes naturels, spiritueux, huiles essentielles.
• Extraction de composés volatils (plantes, fruits, herbes).
• Production artisanale de boissons distillées (Armagnac, Cognac, eaux-de-vie, blanche, gin, whisky…).
• Brasserie (bière).

b. Cosmétique et phytothérapie

Distillation de lavande, thym, menthe, eucalyptus…
Production d’hydrolats et d’essences naturelles.

c. Industrie chimique

• Purification de solvants.
• Récupération de produits volatils à partir de mélanges.

3. Pourquoi utiliser le gaz propane ?

Comme tout produit, il y a des points positifs le produit et des points négatifs les multinationales détentrices des ressources gazières

Avantages techniques

​Émissions de CO₂, bien moindres que pour le fioul.​

• Grande puissance calorifique : 13,8 kWh/kg, supérieure au butane.
• Stockage important d'une grande énergie concentrée (13800 kWh pour une cuve de 1000 kg).
• Température stable et contrôle précis via des brûleurs modulants.
• Disponibilité en zone rurale, même sans réseau de gaz naturel.
• Combustion propre (pas de suie, peu de CO₂ par kWh).
• Compatibilité avec les installations mobiles (distilleries ambulantes).

Contraintes

Elles sont liées au fait que les multinationales possèdent le ou les réservoirs et imposent leurs conditions avec des contrats léonins et que certaines ont la fâcheuses tendance de faire grimper les prix en diminuant les remises généreusement octroyées à la signature du contrat. Elles n'hésitent pas à augmenter les locations et les frais de retrait tout en imposant une consommation pendant la durée du contrat. Les année s'allongent jusqu'à ce que le tonnage défini au départ contractuellement soit atteint.

• Nécessité d’un stockage sécurisé conforme à la réglementation (arrêté du 30 juillet 1979 modifié).
• Entretien régulier des brûleurs et vérification des détendeurs.
• Coût du propane plus élevé que le marché chez certains propanier

4. Aspects techniques d'une installation

Une installation typique de distillation comprend :

• ​Une ou plusieurs citerne (s) de propane de 500 kg à 3.2 tonnes ou un réservoir de 4.3 à 100 tonnes, suivant l’usage.
• Régulation et sécurité : détendeur, vanne de sécurité, clapets.
• Brûleur : atmosphérique ou à air pulsé, monté sous l’alambic ou la chaudière.
• Système de contrôle : thermocouple, régulateur de pression, thermostat.
• Cheminée ou évacuation des gaz brûlés (tirage adapté à la puissance).
• Pour les distilleries ambulantes, les cuves de gaz sont souvent mobiles et louées avec des flexibles renforcés conformes à la norme NF EN 16436-2.

5. Réglementation et sécurité

Les installations au propane doivent respecter les prescriptions de :

• la norme NF DTU 61.1. Document Technique Unifié (DTU) qui définit les règles de conception, d’exécution et de contrôle des installations alimentées en gaz combustible (naturel, propane, butane), à l’intérieur et autour des bâtiments.
• de l’arrêté du 23 février 2018 relatif aux ERP et ICPE.

Au-delà d’une certaine capacité (>3,7 tonnes), l'installation de distillation doit être soumise à déclaration ou autorisation ICPE (rubrique 2910 : combustion).

Obligations :

• Obligation de contrôle périodique des récipients sous pression (tous les 10 ans environ).
• Stockage à distance réglementaire pour les établissements non ERP (Établissement recevant du Public) : 3 m minimum d’un bâtiment (citerne aérienne ≤ 3,2 t) 1,5 m pour une citerne enterrée. Les distances sont portées à au moins 5 mètres pour les ERP et dans tous les cas 3 mètres de tout dépôt de matière combustible ou point électrique (groupe froid, tableau compteur, pompe à chaleur, etc.).

6. Aspects économiques

Ce sont des coûts moyens qui dépendent de la taille de la distillation. Les prix indiqués du propane sont très variables d'un distributeur de gaz à un autre et au sein de leur clientèle d'un client à un autre.

Poste Coût indicatif hors taxes (2025)

Certaines distilleries combinent désormais le propane avec des capteurs solaires thermiques ou de la valorisation de chaleur fatale, pour réduire les coûts.

7. Alternatives émergentes

Le "bio" fait vendre et acheter...Les sociétés qui communiquent sur le biopropane ou le label bas carbone ont un discours qui s'apparente au greenwashing.

• ​Biopropane (BioLPG) : propane d’origine "renouvelable" (à base d’huiles de vidanges, huiles végétales de palme ou de déchets…). d'après le discours des propaniers la réduction serait de 60 à 80 % des émissions de CO₂. Lorsque l'on analyse le bilan global les chiffres sont moins optimistes et même négatifs. le camion qui livre le propane "bio" tourne au diesel et ne livre pas forcément le "bio" commandé. Le produit est simplement injecté dans le réseau (astuce marketing).
• Chauffage électrique avec PAC (Pompe à chaleur) haute température : viable uniquement pour les petites productions avec le coût de l'électricité amenée à augmenter avec le dispositif VNU.
• Gazéification de biomasse. Phénomène à la mode poussé par les primes qui poussent les industriels à exploiter les forêts comme des mines jusqu'à extinction complète des gisements.
• Méthanisation : sources locales d’énergie thermique qui favorisent les grandes exploitations agricoles industrielles.